Colloque international
organisé par l’Université de Caen, l’Université du Mans, l’Université de Poitiers, l’Université de Paris-Nanterre et l’Université de Paul-Valéry – Montpellier 3 les :
17/18/19 janvier 2019
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Le philosophe britannique Bertrand Russell a écrit : « le concept fondamental en sciences sociales est celui de pouvoir, dans le même sens que l’énergie est le concept fondamental en physique ».
Pour notre 5e colloque international sur le « pouvoir », nous avons voulu élargir l’étude de ce concept central en s’appuyant sur ses aspects relationnels et ses corollaires, à savoir l’influence, la désinformation et la manipulation.
Si le pouvoir peut être défini par rapport à une action, un potentiel ou une capacité à « faire faire aux autres ce que l’on souhaite qu’ils fassent » (Dahl), l’usage effectif de ce potentiel peut se transformer en une forme d’influence. Cependant, il n’y a pas d’influence sans que la personne ou le groupe soit influençable. Il faut donc créer les conditions nécessaires pour l’exercice authentique du pouvoir et s’assurer une influence la plus incontestable possible. Mais comme « toutes les dominations cherchent à éveiller et à entretenir la croyance en leur légitimité » (Weber), le pouvoir, constamment remis en cause, fait appel à des méthodes de manipulation et envoie des messages brouillés (intentionnellement ou pas) afin d’atteindre son objectif, à savoir sa propre pérennité et légitimité. Ainsi, l’exercice du pouvoir peut avoir deux facettes, l'une acceptable (influence) et l'autre détestable (désinformation et même manipulation). Pourtant, le célèbre sociologue américain Talcott Parsons affirme que « tout pouvoir authentique est toujours légitimé, même par ceux qui en contestent la légalité ». Autrement dit, l’effectivité du pouvoir (imposé ou non) donnerait nécessairement une légitimité politique et sociale à son exercice.
Ce colloque, qui s’inscrit dans la continuité des précédentes activités du « Réseau d’Étude des Pouvoirs » (Power Studies Network), se veut pluridisciplinaire, à l’intention de chercheurs travaillant sur le continent américain ou sur l’Europe. Il est ouvert à des problématiques touchant à des domaines divers des sciences sociales.
- En sociologie politique, par exemple, Gramsci, avec son étude sur l’hégémonie, offre une perspective intéressante sur le lien entre pouvoir, manipulation et influence.
- En sciences politiques, des thèmes, tels que les lobbies, la puissance, la domination et les influences peuvent être étudiés dans le cadre de la politique étrangère ou d’une analyse de la vie politique d’un pays.
- En sociologie, l’étude du pouvoir et des contre-pouvoirs est intégrée dans une relation d’échange. Le pouvoir devient ainsi un élément central dans l’organisation sociale.
- En études des médias, la désinformation, les « fake news », le marketing politique et la manipulation sont des sujets fondamentaux, très souvent étudiés en relation avec le pouvoir et la volonté d’influencer.
Enfin, les productions artistiques (peinture, musique, film…) peuvent être analysés à l’aune d’interrogation sur les moyens, les techniques et les contenus utilisés pour maintenir le pouvoir ou questionner sa légitimité. Ils sont très souvent cités comme moyens d’influence ou de manipulation.